Projet ANR « MEDIALEX »

Projet ANR-21-CE38-0016-04

« Approches computationnelles des dynamiques d’influence entre
agendas législatifs et médiatiques »

Responsable scientifique : Thierry Poibeau

Coordinateur : Sylvain Parasie (Medialab, Sciences Po)

Durée : 48 mois (01/11/2021 – 31/10/2025)

Partenaires : Sciences Po, Lattice, INA, CREST

L’essor des technologies numériques a profondément déstabilisé l’espace public, en élargissant l’accès à la parole publique (Benkler, 2006 ; Cardon, 2010). Les transformations médiatiques, notamment liées à l’essor des réseaux sociaux, ont permis à un plus grand nombre d’acteurs d’alimenter en sujets le débat public. En témoigne le mouvement des “gilets jaunes”, au départ très éloigné des sphères médiatiques et politiques, qui est parvenu à imposer de nouveaux thèmes dans le débat public notamment par le biais des réseaux sociaux (Sebbah et al., 2018), ce qui s’est traduit par l’adoption d’une loi de “mesures d’urgence économique et sociale” fin 2018. En témoigne également la démarche de nombreux parlementaires et élus, qui s’expriment sur les réseaux sociaux en court-circuitant les médias traditionnels, intermédiaires incontournables de l’accès au public jusque-là (Ecormier-Nocca et Louis-Sidois, 2019). Dans ce contexte, le projet MEDIALEX vise à répondre à la question suivante : Dans quelle mesure la numérisation de l’espace public a-t-elle bouleversé la capacité des élus, des médias traditionnels et des publics à imposer les sujets prioritaires du débat public ? Autrement dit, comment les transformations de l’espace public et médiatique modifient-elles les dynamiques d’émergence, d’imposition et de circulation des thèmes dans le débat public ?

Pour répondre à cette question, le projet MEDIALEX propose de développer des méthodes numériques originales, en combinant des compétences de sciences sociales, à la fois quantitatives et qualitatives, avec des compétences en modélisation et en traitement automatique de la langue. Il s’agit ainsi de traiter de grands corpus de données et de traces numériques, de façon à pouvoir identifier les dynamiques d’influence entre les mondes parlementaire et médiatique et la sphère publique. Du point de vue du traitement automatique du langage, il s’agit de détecter des thèmes, événements, petites phrases et citations qui peuplent les différents sous-espaces. Ces méthodes nous permettront de modéliser à différents grains les logiques d’influence entre ces trois arènes discursives.