Lytvynova Maryna – Statut sémantico-discursif des relatives appositives en « qui » du français : approches linguistique et psycholinguistique

Thèse de doctorat à l'école doctorale Langage et langues de l'université Paris 3 sous la direction de Michel Charolles, 2015

Directeur de thèse : Michel Charolles

Ecole doctorale : Langage et langues de l’université Paris 3

Résumé

La thèse porte sur le statut sémantico-pragmatique des propositions relatives appositives (PRA), étudié à travers l’examen du fonctionnement discursif des phrases complexes de la forme ‘Matrice, qui PRA’ du français. Dans beaucoup de langues, les PRA n’interagissent pas sémantiquement avec les opérateurs présents dans leurs propositions enchâssantes et tendent à s’interpréter pragmatiquement comme porteuses d’informations non-centrales ou secondaires pour la question en discussion (QUD) du discours en cours. Plusieurs analyses (Holler 2005, Arnold 2007, Koev 2012) dissocient ces deux propriétés en dérivant la projection des PRA de leur statut d’assertions indépendantes et en expliquant leur lecture pragmatique à l’aide de principes généraux de gestion du flot discursif. En effet, lorsque les PRA apparaissent en fin de phrase, elles sont susceptibles d’interagir avec la QUD tout en ayant une portée large vis-à-vis du reste de la phrase. Certains phénomènes discursifs semblent néanmoins contredire l’idée que les PRA constituent des assertions indépendantes. D’abord, les PRA peuvent interagir avec la QUD seulement si leurs matrices véhiculent également des informations pertinentes pour le sujet en discussion. Ensuite, contrairement à ce que l’on peut observer dans une séquence de deux propositions indépendantes, dans une séquence formée d’une proposition matrice et d’une PRA, quel que soit l’ordre de leur linéarisation, la matrice s’interprète toujours comme centrale pour le discours, alors que le statut pragmatique de la PRA dépend fortement du degré d’informativité du reste de la phrase vis-à-vis de la QUD. Enfin, les résultats de deux études comportementales conduites pour la thèse montrent que, suite au traitement de phrases complexes comme ‘Matrice, qui PRA’, les référents du type ‘individu’ mentionnés par la matrice restent hautement saillants pour le discours subséquent contrairement à ceux dont il est question dans la PRA, qui jouissent d’un degré d’accessibilité assez faible. Partant de ces données, nous concluons que la lecture pragmatique centrale des PRA n’est pas une conséquence de leur statut d’assertions indépendantes mais résulte de l’intégration de leur contenu dans le domaine focal de leurs matrices. Plus généralement, en nous appuyant sur les travaux d’AnderBois & al. (2010) et Schlenker (2013, ms), nous défendons l’idée que le manque d’interaction entre les PRA et le reste de leurs phrases d’accueil ainsi que leur prédisposition à une interprétation non-centrale pour le discours proviennent du fait, qu’à la différence de leurs matrices, dont l’énonciation s’accompagne de l’introduction d’un référent propositionnel nouveau, les PRA sont des anaphores propositionnelles, dont la portée sémantique et l’interprétation pragmatique dépendent de la position discursive de l’expression important dans l’univers du discours le référent auquel s’applique le contenu qu’elles expriment.

Date de soutenance : 21-09-2015

Jury de thèse

  • Anne Abeillé
  • Barbara Hemforth
  • Frédéric Landragin
  • Savéria Colonna
  • Michel Charolles